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Que faisaient à Paris les militaires quand ils revenaient du front ? Certains rejoignaient leur famille, d’autres allaient voir des prostitué(e)s, d’autres, encore, se prostituaient.
Nicole Canet est allée fouiner dans les archives de la préfecture de police de Paris pour restituer l’histoire des prostitués masculins de la capitale, de 1860 à 1960.
 Le Livre « Hôtels garnis : garçons de joie », fruit d’une patiente recherche iconographique et historique, nous plonge dans les entrailles du Paris des amours entre hommes. Il y avait mille entrées pour vous donner envie de lire cet ouvrage magnifique. Nous avons opté pour les prostitués militaires.
  • Le fantasme du militaire
Certains militaires homosexuels revenaient sur la capitale pour profiter des garçons mis à leur disposition, quand ce n’étaient pas eux qui se prostituaient pour arrondir leurs fins de mois. D’après Nicole Canet, « les soldats gagnaient en une heure ce que l’Etat leur accordait en un mois ».
  • L’hygiène des militaires était particulièrement prisée :
« Les militaires étaient très demandés dans les bordels d’hommes. Leur vigueur y était appréciée. Les risques sanitaires étaient limités : les médecins-majors faisaient passer des visites régulières à la troupe et une infirmerie avait été créée dans chaque régiment. »
Edward Prime-Stevenson écrivait en 1909 dans son livre « The Intersexes » :
« Le travail de prostitué civil souffre de la rivalité des marins et des soldats dans toutes les villes où il s’en trouve. La plupart des clients préfèrent en effet les prostitués militaires. »
  • Les hôtels de passe
Quelques hôtels de la ville étaient connus pour recevoir des prostitués masculins et, dans certains d’entre eux, la clientèle était essentiellement composée de militaires : des prostitués ou des couples amoureux qui s’y retrouvaient sans avoir peur d’être dénoncés.
  • L’hôtel de l’Alma (1864)
Au 25 passage de l’Alma, dans le VIIe arrondissement de Paris, cet hôtel avait pour habitude de recevoir « un grand nombre de militaires » qui se livraient alors à « toutes sortes d’orgies ». A cette époque, le quartier de l’Alma était entouré « de plusieurs casernes militaires  : Dupleix, Lowendal, Fontenoy, Ecole militaire... ».
  • L’hôtel de Madrid (1913-1915)
Détail d'un dessin de Jean Boullet (1921-1971) tiré de
Détail d’un dessin de Jean Boullet (1921-1971) tiré de « Hôtels garnis : garçons de joie » de Nicole Canet - Galerie Au bonheur du jour

Pendant la Première Guerre mondiale, l’hôtel de Madrid, situé au 6 rue de la Bourse dans le IIe arrondissement de Paris, était géré par un certain Paul, qui « procurait à ses clients des militaires et des jeunes hommes ».

D’après les documents d’archives sur lesquels sont inscrites les délations des voisins, l’hôtel exerçait également la prostitution de mineurs « qui ne seraient pas plus âgés de 12 à 14 ans ». Sur une note dénonçant le bordel, on peut lire :

« Vous y trouverez un bataillon de mineurs, les soldats et les messieurs dont ils font le bonheur sont en âge de servir autrement le pays. »

  • L’hôtel Marigny (1917)

Albert le Cuziat, un ami de Marcel Proust, décide de créer en janvier 1917 un « hôtel de plaisir pour les homosexuels », à savoir l’hôtel Marigny.

Situé au 11 rue de l’Arcade, dans le VIIIe arrondissement de Paris, les pédérastes (mot d’usage de l’époque) pouvaient y croiser des militaires et quelques personnalités connues telles que Marcel Proust, qui s’y laissait aller à ses activités sadomasochistes.

Après une dénonciation, la police y fait une descente le 11 janvier 1918 et y trouve Marcel Proust, attablé autour d’une bouteille de champagne, en compagnie de trois autres hommes : Léon Pernet, soldat de première classe au 140e régiment d’Infanterie ; André Brouillet, caporal au 408e régiment d’Infanterie ; Albert le Cuziat, gérant du lieu. 

Le 2 février 1918, quelques mois avant l’armistice de la Première Guerre mondiale, « l’hôtel est consigné aux militaires des troupes alliées ». La consigne fut levée le 17 décembre 1918.

En dehors des hôtels, les prostitués militaires ont aussi exercé dans les lieux publics.

Dans les lieux publics aussi

  • Le bal musette 
Détail d'un dessin de Roland Caillaud (1905-1977) tiré de
Détail d’un dessin de Roland Caillaud (1905-1977) tiré de « Hôtels garnis : garçons de joie » de Nicole Canet - Galerie Au bonheur du jour

Situé au 46 rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, dans le Ve arrondissement de Paris, ce bal, connu des autorités, était surnommé le « bal des lopes ». Dans un rapport en date du 25 août 1931, il est fait état d’une clientèle « composée de marins et de soldats des bataillons d’Afrique ».

  • Les « vespasiennes » (1834 à 1980 environ)

Nicole Canet écrit :

« Un de mes amis qui avait chez lui un cadre suspendu au mur m’en expliqua la provenance. Un jour, dans une pissotière du boulevard Haussmann, il rencontre un beau marin ; il le suce et, au moment où cet ami s’apprête à partir, le marin lui saisit le bras : “Ne pars pas comme ça !” Il fouille dans sa poche et lui remet un billet de 100 francs. »

Un billet qui s’est retrouvé encadré.

Les célèbres pissotières mises à disposition des passants furent le lieu d’une intense activité homosexuelle, mêlant soupeurs, prostitués, exhibitionnistes et voyeurs. Jean Genet le raconte dans « Le Journal du voleur ».

Article sur Rue89 -----

Par TOMA - Publié dans : SOFT-HISTOIRE-SPORTIF SEXY-ÉROTIQUE-BIO - Communauté : SEXE ACTUEL
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