- L’hôtel de Madrid (1913-1915)
Pendant la Première Guerre mondiale, l’hôtel de Madrid, situé au 6 rue de la Bourse dans le IIe arrondissement de Paris, était géré par un certain Paul, qui « procurait à ses clients des militaires et des jeunes hommes ».
D’après les documents d’archives sur lesquels sont inscrites les délations des voisins, l’hôtel exerçait également la prostitution de mineurs « qui ne seraient pas plus âgés de 12 à 14 ans ». Sur une note dénonçant le bordel, on peut lire :
« Vous y trouverez un bataillon de mineurs, les soldats et les messieurs dont ils font le bonheur sont en âge de servir autrement le pays. »
- L’hôtel Marigny (1917)
Albert le Cuziat, un ami de Marcel Proust, décide de créer en janvier 1917 un « hôtel de plaisir pour les homosexuels », à savoir l’hôtel Marigny.
Situé au 11 rue de l’Arcade, dans le VIIIe arrondissement de Paris, les pédérastes (mot d’usage de l’époque) pouvaient y croiser des militaires et quelques personnalités connues telles que Marcel Proust, qui s’y laissait aller à ses activités sadomasochistes.
Après une dénonciation, la police y fait une descente le 11 janvier 1918 et y trouve Marcel Proust, attablé autour d’une bouteille de champagne, en compagnie de trois autres hommes : Léon Pernet, soldat de première classe au 140e régiment d’Infanterie ; André Brouillet, caporal au 408e régiment d’Infanterie ; Albert le Cuziat, gérant du lieu.
Le 2 février 1918, quelques mois avant l’armistice de la Première Guerre mondiale, « l’hôtel est consigné aux militaires des troupes alliées ». La consigne fut levée le 17 décembre 1918.
En dehors des hôtels, les prostitués militaires ont aussi exercé dans les lieux publics.
Dans les lieux publics aussi
- Le bal musette
Situé au 46 rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, dans le Ve arrondissement de Paris, ce bal, connu des autorités, était surnommé le « bal des lopes ». Dans un rapport en date du 25 août 1931, il est fait état d’une clientèle « composée de marins et de soldats des bataillons d’Afrique ».
- Les « vespasiennes » (1834 à 1980 environ)
Nicole Canet écrit :
« Un de mes amis qui avait chez lui un cadre suspendu au mur m’en expliqua la provenance. Un jour, dans une pissotière du boulevard Haussmann, il rencontre un beau marin ; il le suce et, au moment où cet ami s’apprête à partir, le marin lui saisit le bras : “Ne pars pas comme ça !” Il fouille dans sa poche et lui remet un billet de 100 francs. »
Un billet qui s’est retrouvé encadré.
Les célèbres pissotières mises à disposition des passants furent le lieu d’une intense activité homosexuelle, mêlant soupeurs, prostitués, exhibitionnistes et voyeurs. Jean Genet le raconte dans « Le Journal du voleur ».